Les Maisons de vignes

Dès la première moitié du XIXème siècle, l’activité vinicole va attirer en vallée du Loir un certain nombre de gens aisés, grands bourgeois et industriels, qui vont investir dans le vignoble. Des parcelles de vignes sont alors achetées par des citadins qui les font fructifier par des ouvriers agricoles qui se louent à la journée (la louée), placés sous la direction d’un vigneron.

Ces parcelles de vignes sont le plus souvent éloignées des lieux d’habitation. La vigne se travaille beaucoup en hiver, période où le journée sont courtes. Circuler de nuit est difficile. Pour éviter des aller-retour, donc des pertes de temps, les propriétaires vont construire des maisons ou loges de vignes, abris en planches ou en dur pour permettre à ces ouvriers agricoles d’avoir un lieu où déjeuner et où entreposer les quelques outils manuels alors utilisés.

Les maisons de vignes étaient toutes équipées d’une cheminée, foyer indispensable pour faire chauffer « la soupe », se réchauffer et faire sécher les vêtements en cas de besoin. Ces cheminées serviront aussi à obtenir l’eau chaude nécessaire à la dilution plus rapide des produits de traitement, notamment du souffre.

D’une surface moyenne d’une douzaine de m² au sol, construites en briques, en « cosses » ou en « pierres sèches » (pierres ramassées dans les vignes) et plus rarement en blocs de tuffeau, elles étaient le plus souvent constituées d’une pièce unique avec pour seule ouverture la porte en bois à double battants, quelques fois une petite lucarne vitrée, surmontée d’un grenier où était entreposé du foin. Certaines étaient dotées d’un appentis où stocker un peu de bois (sarments) au sec.

Préconisée par le docteur Guyot dès 1860, la culture de la vigne en lignes suffisamment espacées pour permettre d’y passer avec un âne ou un cheval aura pour conséquence l’amélioration des rendements, mais aussi la « mécanisation » du travail de la vigne.

Cette mécanisation va entraîner un agrandissement des maisons de vignes qui se verront parfois adjoindre une pièce supplémentaire à usage d’écurie et surtout équiper de gouttières pour récupérer l’eau de pluie nécessaire aux traitements chimiques. Le souffre, mais aussi parfois la « bouillie bordelaise », sont alors livrés dans des sacs en toile de jute, le plus souvent sous forme de cristaux ou de « pierres » qu’il convient de faire fondre dans de l’eau en vue de pulvériser ce traitement sur les vignes. L’eau de pluie va donc être recueillie dans des anciens tonneaux placés sous une gouttière unique où se rejoignent celles collectant les eaux des deux pans de la toiture.

L’arrivée du tracteur et d’autres véhicules motorisés va entraîner peu à peu l’abandon de ces maisons de vignes. Elles deviendront pendant un certain temps des lieux de rendez-vous mais sombreront très vite dans l’oubli. Toutefois, certains « amoureux » de ces coquettes les restaurent pour conserver ce patrimoine, voire en font leur résidence.